le mont Ventoux

Mont Ventoux: altitude 1911m. Point culminant des Monts de Vaucluse. Age: entre 80 et 100 millions d’années. Surnoms: « le Géant de Provence », « le mont Chauve ». Origine du nom: vintur qui signifierait « la montagne qui se voit de loin « et non  » le mont des vents « … Particularité: près de 500 000 visiteurs par an, dont 200 000 cyclistes, qui gravissent ses pentes avec plus ou moins de bonheur, et pour certains, une grosse dose d’inconscience.

Mais l’identité du Ventoux ne saurait se réduire à quelques chiffres, et c’est ce que nous promet notre guide de la journée, Bernard Mondon, auteur de nombreux ouvrages sur ce mont devenu mythique et dont la renommée doit beaucoup au Tour de France (et à la télévision.)…
Une petite lecture de paysage s’impose donc à quelques kilomètres du sommet, au camping du Mont Serein* , dont les gérants nous accueillent ce samedi 2 septembre. On y apprend que non, on ne peut voir ni le Mont Blanc ni la Méditerranée du sommet, à la rigueur l’étang de Berre, et c’est déjà pas mal… Le froid, le mistral et le brouillard imposent un repli stratégique vers le café du camping, vite rempli par la cinquantaine de participants pour une séance de lectures animée par Bernard Mondon, secondé par Marie Gabrielle Jacquet et Bernard Coron. Et l’on est vite surpris par la diversité et la richesse des approches de tous ces romanciers, conteurs, félibres et explorateurs qui ont évoqué le Ventoux au cours du temps, « entre pierre et songerie ». Le premier d’entre eux, Pétrarque, nous a laissé dans une lettre célèbre le récit de son ascension entreprise en 1336 à la suite d’une déception amoureuse. Bien d’autres suivront au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, botanistes et entomologistes, ou simples aventuriers. Rappelons que cette ascension était risquée et rendue très difficile par l’absence de routes et de chemins. La lecture des extraits littéraires s’enchaîne dans l’atmosphère douillette du chalet, avec les romanciers voyageurs du XIXe, Dumas, Stendhal, Victor Hugo, et d’autres plus contemporains comme Henri Bosco ou Albert Camus. Il faudra attendre les années 1900 et l’arrivée des premières automobiles pour que s’ouvre une nouvelle page de l’histoire du mont. Bernard Mondon évoque alors la construction du restaurant Le Vendran destiné à accueillir les nouveaux venus au sommet du Ventoux. Quelques détails alléchants sur les spécialités culinaires du lieu rappellent à tous l’heure du déjeuner, et c’est avec une certaine fébrilité que nous rejoignons le chalet Inter club de la station. Richard Poggi au service et son épouse Viviane aux fourneaux nous gratifient d’un excellent repas, avec une copieuse entrée de charcuterie corse authentique !

La reprise s’effectue donc dans une certaine langueur, et tout le monde s’accorde à éviter la halte prévue au sommet en raison d’une météo peu clémente. La file des voitures s’élance alors dans une véritable purée de poix, sous les rafales de vent, avec en prime un improbable cortège de tracteurs de collection à doubler! Le sommet passé, la descente vers Bédoin s’interrompt au pied du célèbre Chalet Reynard, et c’est parmi les cyclistes hagards et aux jambes rougies de froid que Bernard Mondon entame l’historique des aménagements du Ventoux, des années 1880 jusqu’à nos jours: routes, observatoire météo, chapelle reconstruite, stations de ski avec les chalets Reynard sur le versant sud et Liotard sur le versant nord, le radôme et son radar… Les touristes ont peu à peu remplacé les pèlerins, les charbonniers et les bergers qui s ‘aventuraient sur les pentes abruptes en priant pour ne pas rencontrer de loups ! Nous reprenons la route, avec une dernière halte à la maison cantonnière de Jamet reconvertie en espace muséographique. L’occasion pour Bernard Mondon d’évoquer la fabuleuse épopée des courses de côte du Ventoux. En 1900, trois De Dion-Bouton venues de Marseille parviennent jusqu’au sommet, ce qui était déjà en soi un exploit! Deux ans plus tard est organisée la première course de côte associant automobiles, motos et side-cars. Le premier vainqueur parcourt les 21 km à la moyenne de 47,5 km/h. Le dernier recordman atteindra en 1973 l’incroyable vitesse de 142 km/h ! A partir de cette date, les courses de côte disparaissent, pour des raisons de sécurité et de financement. Impressionnés par les nombreuses illustrations de sorties de route figurant sur les murs, c’est avec beaucoup de retenue que nous entamons notre dernière descente vers Bédoin et la plaine ensoleillée.

 

* voir le joli texte à la fois écolo et pédagogique affiché à l’entrée du camping…

petits extraits sonores des lectures

 

 

Quelques photos de la sortie