Pour sa dernière sortie de l’année, l’association Mémoire n’a pas failli à la tradition calendale en consacrant une journée à la découverte des santons provençaux et de l’Arles antique.
Cette journée hivernale restera longtemps gravée dans les esprits de la quarantaine de participants du fait que déjà ce jeudi 5 décembre était un jour de grève générale pouvant entraîner quelques soucis de voyage et de stationnement. Mais miracle, tout s’est bien passé du côté « jeudi noir ».
C’est sur les marches de l’amphithéâtre romain que nous nous sommes retrouvés pour aller visiter le conservatoire du santon provençal, inauguré en 2017. Dans une maison du XVIIIème siècle en bordure des arènes, nous avons été accueillis par Jacques Lapierre, président du conservatoire, et Henri Vezolles, maître santonnier et créateur de ce conservatoire. Ces « deux retraités heureux et passionnés » nous ont présenté un ensemble de 2000 pièces du XVIIIème siècle à nos jours de quatre collectionneurs privés particulièrement bien mis en valeur dans un espace muséographique original composé de vitrines agrémentées de textes biographiques sur les santonniers dont des Meilleurs Ouvriers de France : Marcel Carbonel, Emilie Puccinelli, Robert Canut, Alice Bertozzi, Thierry Demier, Mamie Martin, Evelyne Ricord, Pierre Graille, Simone Jouglas, Lise Berger, René Pesante… et Liliane Guiomar et Roger Jouve M.O.F. argile et habillé ! Le créateur du santon d’argile est le marseillais Jean-Louis Lagnel (1764-1822).
Emerveillés, nous n’avions pas assez de deux yeux pour admirer toutes ces petites figurines naïves très colorées, œuvres d’art populaire, dont de nombreuses pièces uniques de ces « fleurs d’hiver ».
Dans la cour intérieure (partie de l’antique couvent des Cordeliers), Henri Vezolles a expliqué la fabrication du santon provençal et fabriqué une figurine illustrant ces quelques mots de Marcel Provence, historien et défenseur du patrimoine provençal : « Fabriquer un santon, c’est jouer à Dieu le Père et, comme lui, tirer de l’argile un homme ».
On dénombre quelque 250 santonniers dans la région Sud.
Ensuite, nous avons cheminé le long de l’amphithéâtre et du théâtre romains pour se rendre au restaurant « La bohème » dans une demeure du XVIIIème siècle, ancienne cave de rez-de-chaussée et maison close comme le rappelle la rampe phallique en fer forgé de l’escalier de l’immeuble.
Troisième et dernière découverte de la journée : les cryptoportiques d’Arles datant du 1er siècle avant Jésus-Christ dont l’accès se situe dans le hall de l’Hôtel de Ville sous la conduite de notre guide Alice.
Ils ont été découverts lors de la construction de l’Hôtel de Ville au XVIIème siècle et ouverts à la visite depuis plus de cinquante ans. Propriété de la ville d’Arles, ils ont été classés Monument Historique en 1841 et inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco en 1981. Ils forment le soubassement du forum, place publique centrale de la ville romaine. Ils comprennent de trois sections en U à deux nefs, soutenues par des piliers construits en grand appareil. Ces galeries souterraines voûtées de 90 mètres au nord avec des boutiques et au sud sont raccordées par une galerie de 60 mètres à l’ouest. Elles sont éclairées par des soupiraux.
L’ensemble est impressionnant et prouve que les Romains étaient de grands bâtisseurs. C’est un ouvrage admirable. L’exemple d’Arles est unique par sa grandeur et sa conservation.
Deux autres cryptoportiques existent à Bavay dans le Nord et à Reims ainsi qu’en Italie.
C’est ainsi que s’est achevée l’année 2019 de l’association Mémoire pour le plus grand bonheur des adhérents qui se sont quittés en se donnant rendez-vous pour l’assemblée générale mi-janvier avant de partir à la découverte d’autres coups de cœur.
Quelques images en souvenir :